LETTRE DE DESESPOIR D'UNE ELEVEUSE
Voilà ce que je voulais vous dire à tous, que vous soyez de la famille, juste stagiaire ou même salarié, ce travail requiert d'avoir un regard sur tout, à chaque instant et ce en même temps.
Le temps nous est compté et très précieux car cette course contre la montre n'a qu'un but, celui d'assumer une mission impossible, ne pas faire d'erreur avec du vivant, tout contrôler simultanément sans rien laisser au hasard.
Mais ils sont vivants et font aussi ce qu'ils veulent, même quand on fait tout plus que parfaitement.
Mais malgré cela, il ne faut pas perdre de temps et trouver des solutions pour gérer.
Trop longtemps, les risques
Et les complications m'ont conduit à ne plus aimer mon métier, à m'en dégoûter au point de ne rester que pour les chiens.
Amour ou obligation ?
Les deux sûrement.
Les priorités, encore ..
Passer toujours après,
C'est humain d'être saturée et vouloir penser à soi.
Je ne peux pas penser à moi, ni profiter de rien.
Je suis sincèrement désolée de vous dire que ce dévouement ne suffit pas à satisfaire les gens et que rien n'y changera.
J'ai donc continué à donner toujours plus à fond perdu au point d'y laisser ma vie et ma santé.
Aucune amélioration pour parfaire les exigences n'ont pu remédier à cette "permission de tout" que les gens se sont octroyés.
Quand tout est mis à plat, le bilan est catastrophique pour moi.
Pas un jour de repos, sans parler de vacances depuis de très longues années et que des reproches.
Je n'ai pas vu grandir mon enfant, mes petits-enfants et mes arrières petits-enfants, je n'ai rien fais d'autre que de rester là à bosser et améliorer ce truc qui sert qu'à se démolir.
Je vous vois MAL prendre certaine de mes remarques alors que la moinde problématique engendre un nombre incalculable de problème.
La pression cumulée quotidiennement, en plus de la charge de travail, me conduit même à penser que j'ai le droit de vivre en commettant une erreur ou un oubli, si infime soit elle.
Alors ne me demandez pas de l'admettre, puisque c'est n'est pas tolérer
Dans ce domaine d'acitivité.
Aussi, lorsque vous ne pouvez pas le supporter, je sais déjà que vous ne pourrez pas tenir jusqu'au bout.
Alors, je ne prétends pas être parfaite mais j'ai beau creuser, réfléchir et
Tenter de remettre tout en cause pour améliorer, et bien ça ne change rien.
N'est-il pas plus intelligent de réaliser que c'est impossible?
Que c'est impossible de faire ce qu'on nous demande, à ce prix là?
Je tourne en rond depuis que j'ai commencé et je n'ai pas avancé d'un centimètre sur cette question.
Quand je questionne quelqu'un d'entre vous, afin de voir si j'ai omis quelque chose, j'obtiens toujours une réponse avec, si on n'avait pas eu ce problème, c'était bon
Je suis certaine d'une chose, c'est cette phrase
Qui fait que l'espoir subsiste mais est-elle pas plutôt celle qui m'enterre?
Je vais simplifier, je ne peux même pas me reposer tellement je dois composer, réfléchir et assumer toujours plus.
Au fait, on oublie les faux espoirs, je ne vois aucunes améliorations sur chacun des problèmes qui peuvent
créer la faillite.
Tous ces problèmes sont là depuis le début et feront encore et encore une mauvaise presse car, excusez moi, mais j'ai oublié de vous dire, je suis un être humain.
Et conclusion, je n'ai vraiment aucune vie,
Pas une seconde pour respirer.
Je me demande quand je vais rendre mon dernier souffle tout en sachant que rien n'aura changé.
Car oui, ça ne changera jamais sauf si je veux sauver ma peau en admettant que c'est tout simplement impossible.
Pour ce métier, on est pas juste des collègues, on créé des liens et on s'entraide.
Ca demande aussi beaucoup trop à chacun d'entre nous et je me sens toujours responsable d'en demander trop.
Je n'ai sûrement pas la meilleure place comme certains peuvent le penser.
Voilà juste une mise au point honnête.
Alors vous excuserez ma franchise mais je ne veux pas que vous soyez bercer d'illusions.
Ici, mes premières années, c'était le bagne et aujourd'hui, c'est les travaux forcés.
Quand j'ai des états d'âme et que je veux me pencher sur moi, je dois bosser sans prendre le temps d'y réfléchir.
Tout ce que j'ai construit pierre par pierre, rien n'a été cadeau ou facile.
Je n'ai jamais eu un coup de pouce de la vie.
Tout à la sueur de mon front.
Je voulais aussi exprimer cette notion afin de clarifier nos rapports qui sont souvent tendus et pas très communicatifs.
Je ne vois aucun moment de détente dans tout cela et vous qui me connaissez depuis peu, force est de constater que je n'ai pas tort.
Merci à tous pour votre aide et votre soutien et merci de me répondre si une observation constructive peut améliorer les choses.
Evidemment si chacun de vous valide, ce n'est pas utile de remuer le couteau dans la plaie.
Aussi, depuis le jour de ma naissance, tous les anniversaires sont marqués d'une tempête inouïe et je vois que cette année, ce ne sera pas encore différent.
J'y ai pourtant cru mais non, rien ne se passera de la bonne manière.
Lettre anonyme.